PRESIDENTIELLE 2012: MAINTENANT, PLACE AUX PROGRAMMES !

Publié le par Mamadou NDIAYE

Les Sénégalais, à travers les premières tendances du scrutin de dimanche, veulent un deuxième tour. Macky Sall et Abdoulaye Wade sont au coude à coude. Moustapha Niasse, pour le moment, apparaît comme le troisième homme ou le faiseur de «président». Tels sont les principaux enseignements du scrutin du 26 février.

De nombreux observateurs ont été surpris par le calme et la détermination avec lesquels les Sénégalais ont voté ce dimanche. Il faut dire que cette surprise est légitime car la campagne électorale a été marquée par des manifestations violentes qui ont occasionné plusieurs morts, des centaines de blessés, des dégâts matériels et un fort ralentissement de l'activité économique. C'est ce qui a fait qu'on n’a pas eu une véritable campagne électorale.

Le président sortant se refuse à faire son bilan, nous invitant à l’évaluer à partir de ses chantiers et des infrastructures réalisées, d’où son slogan « weddi guiss bokku ci ». Mais quand nous scrutons son bilan, nous nous rendons compte que tout n'est pas rose. Certes, il y a eu de nombreuses réalisations, mais il y a eu aussi de nombreuses accusations de surfacturation, d'innombrables fautes de gestion et beaucoup d'injustice sociale. Les Sénégalais s'attendaient à ce que le président leur expliquât certains choix ou acceptât certaines erreurs. Mais rien de tout ça !

L'opposition a gaspillé trop de forces dans la contestation de la candidature d'Abdoulaye Wade. Les plus téméraires, Idrissa Seck, Cheikh Bamba Dièye, Ibrahima Fall, ont sacrifié leur campagne électorale et ont préféré résister au lieu d'aller parler aux Sénégalais. Curieusement, leur courage n'a pas été récompensé par les urnes. Seul Macky Sall, qui a fait le choix d'aller, une nouvelle fois, à la rencontre des citoyens, s'en est sorti avec de bons résultats qui le propulseront certainement au second tour de la présidentielle si les tendances actuelles se confirment.

Un second tour ferait, à nouveau, de Moustapha Niasse un « faiseur de président ». En effet, en 2000, c'est grâce au soutien du secrétaire général de l'Alliance des Forces du Progrès (AFP) que le libéral Abdoulaye Wade a réussi à déboulonner le « baobab socialiste », Abdou Diouf. En 2012, si Macky veut devenir 4ème président de la république, slogan cher à l'autre "fils" de Wade et candidat malheureux Idrissa Seck, il devra nécessairement construire une alliance avec Niasse.

Le second tour de la présidentielle sera également l'occasion, pour les citoyens que nous sommes, d'écouter avec plus de sérénité les promesses des candidats retenus. Le 18 mars, les programmes devront prendre le dessus sur la contestation d'une quelconque candidature. Les journalistes qui ont passé tout leur temps à nous servir des informations relatives à la campagne électorale et aux violences nées des manifestations, pourront alors trouver le temps de nous faire des productions sur des thématiques et des décryptages sur des sujets aussi importants que la pauvreté, la situation de l'école, la santé, l'agriculture, l'environnement, etc.

Cette élection du 26 février a encore consacré la faiblesse des candidats indépendants ou issus de la société civile. Le professeur Ibrahima Fall n'a pas créé la surprise attendue par ses milliers de fans surfacebook, au Sénégal et à l'étranger. Les diplômes et autres distinctions de la professeure Amsatou Sow Sidibé n'ont pas aidé celle-ci à engranger les suffrages des électeurs. La grâce de la styliste Diouma Dieng, qui ne sait toujours pas voter, fond comme… un léger fond de teint avec son mauvais score, même dans son propre bureau de vote. L'histoire se répète concernant les "indépendants". Les chercheurs en sciences politiques doivent sérieusement leur consacrer des études de cas.

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