Le blogueur peut-il tout dire ?

Publié le par Mamadou NDIAYE

Blog.jpgLe blog est un outil du Web 2.0 qui permet au citoyen qui le tient de s’exprimer librement sur des questions qui l’intéressent. Aujourd’hui, il existe des blogs concernant tous les domaines de la société : cuisine, sport, beauté, soins du corps, politique, technologie, etc. Armés d’un appareil photo ou d’un téléphone portable, les blogueurs arrivent à donner des informations importantes au point qu’on les assimile à des journalistes.

En général, ils s’efforcent d’être irréprochables dans l’exercice de leurs activités. Manuel Atreide, journaliste et blogueur Web pour l'Hémicycle et BforBank, nous confiait que ne pas être journaliste ne dispense pas les blogueurs du respect des règles éthiques et déontologiques, c'est même sinon une obligation, du moins un devoir civique. Il ajoute avoir constaté, de part son expérience de journaliste citoyen (Agoravox), que « nombre de blogueurs "citoyens" respectent ces principes et tâchent d'écrire leurs papiers dans le seul but d'informer loyalement et sans langue de bois leurs concitoyens ».

Des journalistes professionnels s’adonnent également au blogging. Du moment où les blogueurs respectent les principes éthiques et déontologiques, le journaliste-blogueur sera-t-il forcément un bon blogueur? Selon Atreide,

 «… le problème, d'un journaliste-blogueur est ailleurs : un journaliste est soumis à un certain nombre de contraintes, à titre professionnel, de par justement ces notions d'éthique, de déontologie, de responsabilité. De notoriété aussi : le journaliste, même sur son blog, garde un nom parfois connu et écouté. S'il prend son blog pour ce qu'il est sensé être, un espace de parole d'une personne privée, il risque de se mettre très vite en porte-à-faux avec son métier et les obligations afférentes ».

 Pour étayer son propos, il cite l’exemple du journaliste de LCI, Eric Revel, qui avait traité Ségolène Royal (qui avait critiqué Nicolas Sarkozy pour son discours de Dakar) de populiste et de démagogue. Il avait tenu ces propos sur son blog et pourtant, celui-ci a été fermé par la suite par LCI avec cette précision : « Eric Revel s'est rendu compte que tout ce qu'il écrivait était étudié à la loupe et qu'il ne pouvait pas s'exprimer comme un simple citoyen »[1].

Au Sénégal, le blogging est une activité récente. Ceux qui s’adonnent à cette activité sont, en majorité, des journalistes professionnels[2]. Par conséquent, il n’y a pas beaucoup de dérives à ce niveau. Nous tenons quand même à analyser l’exemple du blog de Boy Town[3]. Le responsable de ce blog nous dit que pour des raisons d’éthique, il ne mettra pas en ligne une vidéo qui montre une danse obscène, à la limite pornographique, de jeunes filles sénégalaises. Mais, il nous propose quand même un lien pour accéder à la vidéo.

En proposant de rediriger l’internaute vers la vidéo, le blogueur viole le principe du respect de la vie privée et expose, ainsi, les danseuses identifiées à la vindicte populaire.



[2] Le Cesti intègre le blogging dans son offre de formation. De ce fait, tous les étudiants qui sortent de l’institution disposent au moins d’un blog et d’un compte twitter. En 2011, trois étudiants du Cesti figuraient parmi les 20 meilleurs blogueurs africains (concours RFI mondoblog), http://atelier.rfi.fr/profiles/blogs/le-concours-mondoblog-est

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